Le réalisme hollandais et la non-fidélité à la réalité comprise comme totalité phénoménale ou réalité historique
Plusieurs tableaux témoignent d’une ressemblance trompeuse à la «réalité» qu'ils dépeignent. C'est en effet souvent par défaut que l'on présume de cette ressemblance en raison de l'incapacité où nous sommes le plus souvent de pouvoir comparer le tableau avec le motif originel. Dans certains cas cependant cette comparaison est possible, comme dans la peinture de paysage où le site ayant servi de modèle existe toujours. Nous découvrons alors que dans leur approche du paysage les peintres hollandais manifestaient une grande liberté à l'égard des lieux qu'ils décrivaient. Deux tableaux de Jacob van Ruisdael, le Château de Bentheim (1653) et le Cimetière juif (1655) sont des exemples reconnus de cette pratique répandue au 17e siècle, de même que celui de Jan van Goyen, Vue de Leyden (1643). Transformer, déplacer, ajouter ou supprimer étaient des opérations familières aux peintres hollandais, qui désignaient autant de transformations opérées dans la totalité phénoménale que constitue la «réalité».