La fidélité à la nature dans la peinture hollandaise :
«Le moment est venu de penser moins, de viser moins haut, de regarder de plus près, d'observer mieux et de peindre aussi bien, mais autrement. C'est la peinture de la foule, du citoyen, de l'homme de travail, du parvenu et du premier venu, entièrement faite pour lui, faite de lui. Il s'agit de devenir humble pour les choses humbles, petit pour les petites choses, subtil pour les choses subtiles, de les accueillir toutes sans omission ni dédain, d'entrer familièrement dans leur intimité, affectueusement dans leur manière d'être; c'est affaire de sympathie, de curiosité attentive et de patience». Eugène Fromentin, Les Maîtres d'autrefois (1876), 1965, p. 184.
Les caractéristiques de la représentation picturale:
La représentation du monde dans la plupart des tableaux hollandais témoigne d'un intérêt certain à conserver aux choses leur intégrité formelle en évitant toute déformation ou transformation de leur apparence.
Les champs de spécialisation de la peinture :
Un rapport intimiste aux choses pousse les peintres hollandais à analyser de façon extrêmement attentive le monde extérieur. On s'étonne moins, dans ce contexte, de voir le champ de la pratique artistique se subdiviser en différentes catégories de sujets où chaque peintre devient un expert. À l'exception de Rembrandt et de Jacob van Ruisdael, les peintres hollandais se sont spécialisés dans un genre spécifique : 1. le paysage, 2. la nature morte ou 3. les scènes de genre. Chacun de ces genres se subdivise à son tour en champ de spécialisation distinct.
La multiplication des surfaces à décrire:
«Qu'il s'agisse de comestibles : fromage, tarte, harengs, fruits, noix, ou d'objets que l'on peut collectionner : coquillages, vases ou pendules, on nous en montre l'intérieur, le dessous aussi bien que l'extérieur. Les fromages sont coupés, les tartes répandent leur garniture de fruits sous leur couvercle de croûte, les harengs sont coupés afin de montrer leur chair et leur peau nacrée. Les objets, poursuit Alpers, nous sont montrés brisés, découpés, écorchés (...)». Svetlana Alpers, L'Art de dépeindre. (1990), p. 160.
Le réalisme hollandais et la non-fidélité à la réalité comprise comme totalité phénoménale ou réalité historique
Plusieurs tableaux témoignent d’une ressemblance trompeuse à la «réalité» qu'ils dépeignent. C'est en effet souvent par défaut que l'on présume de cette ressemblance en raison de l'incapacité où nous sommes le plus souvent de pouvoir comparer le tableau avec le motif originel. Dans certains cas cependant cette comparaison est possible, comme dans la peinture de paysage où le site ayant servi de modèle existe toujours. Nous découvrons alors que dans leur approche du paysage les peintres hollandais manifestaient une grande liberté à l'égard des lieux qu'ils décrivaient. Deux tableaux de Jacob van Ruisdael, le Château de Bentheim (1653) et le Cimetière juif (1655) sont des exemples reconnus de cette pratique répandue au 17e siècle, de même que celui de Jan van Goyen, Vue de Leyden (1643). Transformer, déplacer, ajouter ou supprimer étaient des opérations familières aux peintres hollandais, qui désignaient autant de transformations opérées dans la totalité phénoménale que constitue la «réalité».
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